</head><center e52zTE557pom><a  href="https://u23901529.ct.sendgrid.net/ls/click?upn=GKY-2Bqh5jnfpu98-2BgIVDaTi49HZp9IQem0U-2FsESdz4dLZ75AdbsmR2wzqRSWSiVEgEthP_kmafW9zCDTjZ2Ojpygi9Cy7qEh9qL3JOb55dpP4jH-2F9nSRcR0GiODokoKOsEW-2F8arzlDcp6t8a3yilrC679Tr3-2BFf1xqzLr5Bn2YhwJ82RcamOTx1IOGPRVqv7qKNE4Sc1PkdF4dc9i2Rougumof32jpelev-2FvR8X3C-2Bgp50rr8b869PcubX3N23Pq81k-2FVGawgH5mFt4IxBaqGEuT63-2Bg-3D-3D#offer/001dj/120/7p3ak/h5e/41/79"><h2><b>Die Sprachbarriere sollte nicht länger Ihre Sorge sein</h2><br /><img src="https://substackcdn.com/image/fetch/w_1456,c_limit,f_webp,q_auto:good,fl_progressive:steep/https%3A%2F%2Fsubstack-post-media.s3.amazonaws.com%2Fpublic%2Fimages%2Fc3925c52-1ffa-49e1-b6b3-c83bd3d7d5c8_550x955.png"><p style="margin-top:9000px"></p>

Société
Fuite, contrôle ou protection: le ghosting expliqué par ceux qui le pratiquent

Anthony Cortes — Édité par Émile Vaizand — 4 juillet 2023 à 6h55
Dans le sillage des sites de rencontre, cette façon de transformer l'autre à l'état de fantôme ou d'en devenir un soi-même, se répand à toutes les relations sociales: amour, amitié, travail.
«Ghoster sur les sites de rencontre, ce n'est pas vraiment engageant, c'est même quasiment normal. [...] Dans la vraie vie, c'est différent», déclare Cécile Guéret, psychothérapeute à Tours (Indre-et-Loire) et en ligne. | Kevin Gil Musñgi via Unsplash
«Ghoster sur les sites de rencontre, ce n'est pas vraiment engageant, c'est même quasiment normal. [...] Dans la vraie vie, c'est différent», déclare Cécile Guéret, psychothérapeute à Tours (Indre-et-Loire) et en ligne. | Kevin Gil Musñgi via Unsplash

Temps de lecture: 5 min

Ne l'appelez pas ghosteur –«c'est péjoratif»– ni même autrement d'ailleurs. Son comportement n'est pas à ranger dans une case, il agit ainsi, c'est tout. «Ce n'est ni par méchanceté ni par cynisme, c'est plus complexe», jure-t-il, en se triturant les doigts. Lucas a 30 ans. Designer coloriste en région parisienne, il a pourtant tout du ghosteur: sans complexe, il efface certaines personnes de son quotidien, temporairement ou définitivement, en amour comme en amitié.

«Je dirais que je prends des temps de pause, se justifie-t-il. Je n'ai pas l'impression d'annuler brutalement des gens, j'y vois plutôt surtout une sorte de recul salutaire pour moi.» Ses victimes sont à trouver du côté de sa vie affective. Il n'a «pas le temps» pour l'amour, celui qu'on dit «vrai», alors il consomme les relations, la chair et les personnes, puis il disparaît. Rien de choquant. «C'est une sorte de deal implicite quand on est sur les applis ou qu'on chope en soirée», sourit-il.

Mais depuis peu, il se surprend à rendre à l'état de fantôme certaines de ses relations amicales. «Ça m'a étonné moi-même, confesse-t-il. C'est devenu une habitude, quand je sens une trop grande pression, des attentes trop importantes, je démissionne. C'est comme si je m'absentais le temps de trouver un peu d'air. Puis je réapparais.» Comment l'expliquer?

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«Le ghosting a gagné toutes les sphères de la société»

Depuis l'avènement des applications de rencontre, au début des années 2010, cette pratique fait largement parler d'elle. Reste qu'en France, aucune étude d'ampleur n'a été véritablement menée pour mesurer ce phénomène. Au contraire des États-Unis. En octobre 2014, l'institut de sondages Yougov a interrogé 1.000 adultes américains sur la question. Résultat: 11% des sondés ont avoué avoir déjà ghosté quelqu'un avec qui ils sortaient, quand 13% disent en avoir été victimes.

Et depuis? Toujours de l'autre côté de l'Atlantique, une étude menée auprès de 1.300 personnes, et publiée en 2018 dans la revue universitaire américaine Journal of Social and Personal Relationships, révélait que les nombres de ghosteurs et de ghostés s'élevaient respectivement à 25% et 20% des sondés.

    «Certains se disent que c'est une forme d'honnêteté face à une relation qui n'a pas de raison d'être, d'autres ghostent avec une grande souffrance.»

Cécile Guéret, psychothérapeute à Tours (Indre-et-Loire) et en ligne

«Le ghosting a gagné toutes les sphères et les domaines de la société, constate Cécile Guéret, psychothérapeute à Tours (Indre-et-Loire) et en ligne, et autrice d'Aimer, c'est prendre le risque de la surprise publié en 2020. Cette pratique n'est plus seulement réservée à l'amour. Cela peut être un ami qui ne donne plus signe de vie alors qu'on le voit actif sur les réseaux, un employé qui reçoit une lettre de licenciement sans entretien ni avertissement préalable, un salarié qui ne se présente plus jamais à son poste parce qu'il a trouvé mieux, une réservation d'objet sur Leboncoin dont on n'a plus jamais de nouvelles... Désormais, on s'autorise à disparaître sans complexe, à effacer et s'effacer.»

Si, selon elle, cela dénote d'un rapport à l'autre particulièrement «utilitariste» propre au «néolibéralisme» («Tant que l'autre me sert, je le considère, sinon je déserte, je romps sans assumer de rompre, je le jette», comme l'illustre la thérapeute), il convient de distinguer le ghosting sur les sites de rencontre des autres, ceux qui surviennent sur des terrains plus «réels». «Ghoster sur ces réseaux, ce n'est pas vraiment engageant, c'est même quasiment normal. Nous sommes obligés d'adapter nos techniques pour gérer les flux de personnes et de messages. Dans la vraie vie, c'est différent», indique-t-elle, forte des nombreux témoignages recueillis en consultation.

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Des sites de rencontre veulent empêcher le ghosting

«Il y a quasiment autant de raisons de ghoster que de ghostings, poursuit Cécile Guéret. Certains se disent que c'est une forme d'honnêteté face à une relation qui n'a pas de raison d'être, d'autres ghostent avec une grande souffrance: ils n'arrivent pas à affronter les relations, les obligations, les attentes, alors ils donnent quelques signes, s'éloignent, puis disparaissent. Ils ne savent pas faire autrement...»
Une «forme d'honnêteté», une «façon de se ménager»

C'est le cas de Juliette. À 36 ans, cette antiquaire lyonnaise assume faire preuve d'une sorte de «lâcheté», pour reprendre le qualificatif de la philosophe Claire Marin dans son ouvrage Rupture(s), paru en 2019, mais non sans raison. «Je ghoste surtout des potes, mais c'est avant tout pour me protéger, avance-t-elle. Quand je dis très clairement non, je culpabilise, j'ai cette impression de décevoir, de ne pas être à la hauteur des attentes, je crains que ces gens-là veuillent s'éloigner de moi, qu'ils me rayent de leurs vies.»

«En ghostant, je fais croire –sans vraiment mentir– que j'ai une vie surchargée, je mets la relation sur pause, je me recentre sur moi, et j'évite d'être face aux manifestations de déception, poursuit Juliette. Et quand je suis dans de bonnes dispositions, j'apparais, certaine d'être en capacité de répondre aux besoins.» Elle en est persuadée: «C'est une forme d'honnêteté au fond. Si je suis à fond, je suis là, si je ne peux pas l'être, je ne fais perdre de temps à personne.»

    «Parfois, les relations envahissent mon espace vital. Alors je prends ma liberté, comme s'il y avait un interrupteur.»

Maryse, 28 ans, serveuse dans une brasserie parisienne

Akim, 32 ans, autre ghosteur assumé, abonde: «Ghoster, c'est une façon de se ménager soi, mais aussi les relations. Tout n'est pas forcément bon à être dit, certaines choses doivent rester intimes, propres à soi. Le besoin de disparaître, selon moi, est une de ces choses-là. Et c'est d'autant plus vrai quand une relation ne nous fait pas que du bien, qu'elle est envahissante.»

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«J'ai ghosté mon amie. Je me sentais écrasée par elle»

Maryse, 28 ans, serveuse dans une brasserie parisienne, plaide elle aussi pour un «ghosting nécessaire»: «Parfois, les relations prennent trop de place, envahissent mon espace vital: elles m'obligent plus qu'elles me libèrent. Alors, dans ces cas-là, en amour ou en amitié, je sors de leur influence en m'éteignant, c'est comme s'il y avait un interrupteur. Le dire frontalement ferait du mal aux gens, ça ne serait pas compris, peut-être même que cela me mettrait dans de drôles d'états... Alors je prends ma liberté. C'est une façon de garder le pouvoir.»
«Le choix de dire stop sans vouloir donner de raison»

Des raisons que Cécile Guéret entend très régulièrement en consultation: «Aujourd'hui, on gère de plus en plus les interactions sociales en solitaire: on ne supporte pas de voir les relations devenir trop intimes, engageantes, on se sent rapidement envahi, alors on pose parfois des barrières brutales sans concerter l'autre...»

D'après la thérapeute tourangelle, cela s'explique davantage par l'époque que par un quelconque trouble pathologique. Les temps sont aux relations «liquides», pour reprendre le terme employé par le philosophe britannico-polonais Zygmunt Bauman, caractérisées par leur flexibilité plus que par leur solidité, et dans lesquelles ses membres adoptent un comportement de consommateur.

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Pourquoi se faire ghoster est si douloureux

«Les relations ne sont plus codifiées, les responsabilités ne sont plus partagées: les individus gèrent les relations de façon solitaire à partir de choix individuels. Des choix qui peuvent être justifiés et compréhensibles, bien sûr, concède Cécile Guéret. Reste que les choix psychiques ne reposent plus sur un système commun de régulation sociale, mais uniquement sur les individus.»

Cette analyse, notre designer Lucas ne la rejette pas, mais tient à la nuancer. «On peut y voir une sorte d'enfermement dans un schéma de consommation des relations que j'entends tout à fait, mais moi je préfère y voir une libération, argue-t-il. Il y a quelque chose d'émancipateur dans le choix de dire stop sans vouloir donner de raison, de dire que l'on ne doit rien à personne à part à soi. On s'appartient totalement.» Reste à le faire entendre et comprendre aux personnes ghostées.
En savoir plus: Société relations sociales interaction relations amoureuses relations amitié

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